DERMATITE ATOPIQUE : QUELLES SONT LES SIGNES ET LES DÉCOUVERTES RÉCENTES ?

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L’atopie est une prédisposition génétique à développer des symptômes de type allergique. Les symptômes peuvent être de l’asthme, de l’urticaire, de l’eczéma, des allergies aux plantes avec rhinites et conjonctivites et des allergies alimentaires. Dans le cas de la peau, la maladie qui en découle est la dermatite atopique. C’est une maladie qui touche 20% des enfants et 10% des adultes dans les pays industrialisés occidentaux. La maladie est caractérisée par des poussées et des rémissions de sécheresse cutanée, d’eczéma avec l’inflammation, de prurit avec excoriation et de susceptibilité aux infections bactériennes et aux mycoses cutanées. Les réactions immunitaires sont la cause principale de ces symptômes.

POURQUOI SUIS-JE ATTEINT DE DERMATITE ATOPIQUE ?

C’est une prédisposition génétique. Il n’existe pas une seule cause mais plusieurs causes souvent conjuguées qui concentrent à la fois des défauts des composants de la barrière cutanée (par exemple la filaggrine dans 30% des cas, mais aussi des lipides) et des composants de la réponse immunitaire. Il faut donc parler d’atopie personnalisée même si des manifestations cutanées communes (eczéma, prurit, sécheresse cutanée) sont présentes. Il sera donc très important d’observer les situations qui chez vous favorisent les poussées pour adapter votre comportement et votre traitement.

POURQUOI LA MALADIE APPARAIT ?

Même si les défauts dont nous venons de parler existent dès la naissance, c’est en général au cours de l’enfance que la maladie s’installe. Après quelques mois ou années, les défauts de l’épiderme et de la barrière cutanée vont aboutir à une peau sèche et perméable. Des allergènes, des antigènes (ils ne déclenchent pas les mêmes réactions immunitaires) vont pénétrer et provoquer des réactions immunitaires à répétition. Celles-ci vont entre-autre agir en retour sur l’épiderme pour dégrader davantage sa perméabilité, modifier le pH à la surface de la peau, perturber le microbiote cutané, faciliter la colonisation par des bactéries allergisantes ou pathogènes qui vont à leur tour amplifier les réactions immunitaires. Vous comprenez qu’un cycle amplificateur des symptômes s’installe, c’est le début des poussées.

En conséquence, chaque petit incident qui fragilise la barrière cutanée (froid, gerçures, peau sèche, écorchure, exposition à un allergène…) va favoriser l’entrée d’autres allergènes et des protéines microbiennes qui induisent des réactions immunitaires spécifiques. C’est la raison pour laquelle les 2 règles d’or seront de protéger et d’entretenir la barrière cutanée et d’éviter ou de prévenir les conséquences d’une exposition aux facteurs sensibilisants. Il faudra toujours agir et prévenir, en particulier pendant les phases de rémission.

POURQUOI LA MALADIE CHANGE AVEC L’ÂGE ?

Avec l’âge votre peau se modifie, en particulier sous l’influence des hormones sexuelles (surtout des androgènes présents chez la femme comme chez l’homme) qui favorisent la sécrétion de sébum, lequel modifie complétement la surface de la peau et réoriente le microbiote cutané. Chez l’adolescent comme chez l’adulte l’atopie peut disparaitre, s’atténuer, ou se manifester différemment, y compris sous des formes inattendues comme des intolérances alimentaires.

QUELLES SONT LES DÉCOUVERTES RÉCENTES SUR L’ATOPIE ?

Les mécanismes de l’atopie font l’objet de très nombreuses publications scientifiques. C’est un domaine complexe qui reflète la complexité des interactions cellulaires dans la peau. Tout le monde interagit dans tous les sens ! Trois types de cellules interviennent, les cellules de la peau, les cellules immunitaires et les neurones sensoriels. Par exemple, un vrai défit est de comprendre les mécanismes des poussées de prurit qui sont très désagréables pour les malades et souvent résistantes aux antihistaminiques. Plusieurs équipes ont montré que certains lymphocytes T (Th2) produisent des interleukines (IL-31, IL-4, IL-13) qui se fixent sur des récepteurs des fibres sensorielles provoquant la sensation de prurit. L’IL-31 stimule aussi la production d’un médiateur chimique (le BNP, Brain natriuretic peptide) impliqué dans le déclenchement du prurit. Une piste thérapeutique à l’essai est donc de bloquer l’action de l’IL-31.

Ces progrès des connaissances sont à la base de nouvelles pistes thérapeutiques, que l’on appelle des biothérapies car elles sont basées sur des molécules existantes dans notre organisme, en général des anticorps utilisés comme médicaments. Par exemple, le dupilumab, un anticorps monoclonal humanisé est utilisé pour bloquer l’action de deux interleukines souvent impliquées dans l’amplification des symptômes, IL-4 et IL-13. Il a été approuvé récemment par la Food and Drug Administration pour des patients adultes.

QUELLES SONT LES BONNES PRATIQUES ?

La dermatite atopique est une maladie. Il n’est pas question ici de se substituer à une prise en charge par un médecin. La Société Française de Dermatologie  a édité en 2005 un guide très clair de recommandations. Un point essentiel est de définir au mieux sa propre maladie à l’aide de scores et de tests aux allergènes.  En complément du traitement, l’accent est mis sur est l’éducation thérapeutique du patient : « L’éducation thérapeutique est une approche nouvelle dans la dermatite atopique. Associée au traitement curatif et aux mesures adjuvantes, elle repositionne le patient comme acteur de la prise en charge de sa maladie. Son objectif principal est d’améliorer l’alliance thérapeutique entre le soignant, le soigné et son entourage pour permettre une prise en charge optimale ». Il existe des Centres d’Éducation Thérapeutique dans plusieurs villes.

La seule mesure consensus est l’utilisation permanente et précoce (avant l’apparition des premiers signes cliniques) de crèmes pour renforcer la barrière cutanée. Ces crèmes sont des émollients qui ont la particularité d’être très riches en lipides assurant la cohésion moléculaire du stratum corneum et de la partie superficielle de l’épiderme. Il faut y associer des agents lavant particulier, surgras et adapté au microbiote cutané.

Les autres mesures concernent les vêtements, l’utilisation de probiotique, de vitamines, d’acides gras, le choix des aliments, les cures thermales, la phytothérapie et les médecines traditionnelles, l’homéopathie, l’acupuncture et l’accompagnement psychologique. Les avis sont contradictoires et il est difficile d’émettre une recommandation générale. Mais nous pensons que s’il existe des profils personnels de maladie, il existe des profils personnels de mesures complémentaires efficaces qui ne ressortent pas forcément comme bénéfiques dans les panels d’études randomisées.