LE MICROBIOTE CUTANÉ DE L’ENFANT : EN QUOI EST-IL DIFFÉRENT ?

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Notre peau abrite des millions de bactéries, champignons et virus qui composent le microbiote cutané. Quels rôles jouent ces micro-organismes et en quoi le microbiote cutané chez l’enfant est-il différent ? On vous explique tout cela dans cet article !

OÙ VIVENT LES MICRO-ORGANISMES DU MICROBIOTE ?

L’épiderme est la couche la plus externe de la peau. Il est composé de différentes couches de kératinocytes. La couche terminale, ou stratum corneum, est formée de kératinocytes morts et jointifs (également connus sous le nom de squames) qui sont reliés chimiquement pour former la barrière cutanée. C’est là que vivent les micro-organismes du microbiote. La composition chimique de cet environnement varie selon la partie du corps, l’exposition au soleil, la température, l’humidité, le pH, la teneur en sébum. Vous possédez donc plusieurs microbiotes ; et votre âge et votre mode de vie vont influencer leur composition.

Le corps peut être divisé en 3 environnements : sébacées ou huileux (visage, poitrine et dos) ; humide (pli du coude, dos du genou, l’aine) et sec (l’avant-bras et la paume). L’environnement de ces sites dépend de la densité de glandes sudoripares, de follicules pileux et de glandes sébacées. Plus abondantes dans les sites humides, les glandes sudoripares sont importantes pour la thermorégulation par évaporation d’eau qui acidifie la peau. La sueur contient des molécules antimicrobiennes, telles que les acides gras libres et les peptides antimicrobiens, qui inhibent la colonisation microbienne. Reliées au follicule pileux et plus denses dans les sites huileux, les glandes sébacées sécrètent du sébum riche en lipides, donc hydrophobe et qui lubrifie et fournit un bouclier antibactérien aux cheveux et à la peau.

QUELLE EST LA COMPOSITION DU MICROBIOTE CUTANÉ ?

Pendant longtemps les études réalisées en grattant la surface de la peau et en plaçant les micro-organismes en culture étaient imprécises car dépendantes de la capacité de chaque micro-organisme à se développer en culture. Depuis quelques années (ce qui correspond à l’explosion des études sur le microbiote cutané) des techniques de séquençage permettent de connaître la nature et la proportion exacte des communautés microbiennes et d’analyser leur évolution dans différentes situations ou pathologies (par exemple, acné, dermatite atopique, psoriasis).

Chez l’adulte en bonne santé, la composition en bactérie varie dans les environnements humides, secs et sébacés. Les sites sébacés sont dominés par des espèces lipophiles de type Propionibacterium, tandis que les zones humides sont abondantes en Staphylococcus et Corynebacterium. Contrairement aux communautés bactériennes, la composition en champignon est assez homogène avec des champignons du genre Malassezia. Les pieds font exception avec combinaison de plusieurs espèces des genres Malassezia, Aspergillus, Cryptococcus, Rhodotorula, Epicoccum. Les bactéries sont en général plus abondantes que les champignons.

Si l’on reproduit des analyses dans une population adulte, on observe des différences individuelles mais une grande stabilité chez chaque individu au cours du temps. En revanche, la période de l’enfance (6 mois à la puberté) constitue une étape à part entière.

LE MICROBIOTE CUTANÉ DE L’ENFANT EST PARTICULIER

Chez l’enfant le stratum corneum est moins épais et la sécrétion de sebum faible. L’environnement à la surface de la peau est donc très différent de celui de l’adulte, sans ambiance huileuse, avec un pH stable à 5.4 (un peu moins acide que chez l’adulte) ce qui favorise la colonisation par un grand nombre d’espèces de bactéries. On retrouve 6 à 8 groupes de bactéries du genre Streptococcus (mitis et pseudo-pneumoniae), Dolosigranulum, Gemella, Granulicatella, Moraxella, Haemophilus,Neisseria et Rothia. La même situation existe pour les champignons, avec d’autres variétés présentes comme Eurotiomycetes et Malassezia globosa.

Cette richesse du microbiote cutané chez l’enfant permet une protection accrue vis-à-vis des microbes pathogènes, car la protection continue d’être assurée si une espèce est défavorisée. Elle permet de présenter au système immunitaire cutané un grand nombre de séquences antigéniques qui contribuent à sa maturation. Il faut absolument préserver cette richesse et cette diversité en évitant d’appliquer des soins cosmétiques agressifs.

Nous verrons dans notre prochain article comment prendre soin du microbiote chez l’enfant et comment des changements ou dysbioses font partie du tableau clinique de certaines maladies dermatologiques.